Retour accueil

J'ai commencé la peinture très tard, jamais étant enfant ou adolescent je ne peignais ou même griffonnais quelques dessins, dans ce domaine mes notes à l'école étaient pourtant bonnes.

Ce qui, je pense, suscita mon goût pour la peinture fut mon apprentissage dans l'imprimerie comme retoucheur noir puis chromiste hélio; un métier très manuel qui consistait à retoucher des films photographiques avec de la teinte ou du ferricyanure de potassium sur des négatifs puis des positifs, sur une couleur en vue des impressions en noir et blanc, sur quatre pour celles en couleur. Le pinceau était l'outil principal pour rehausser le modelé des chairs, enlever le grain et les zones, remonter ou descendre les fonds, intensifier les derniers tons ou au contraire marquer les lumières afin que l'image finale, imprimée, ne soit ni trop plate ni trop dure.

Ce métier très lié à la photographie que l'on retouchait nous apprenait aussi beaucoup sur la couleur dans le cadre des quadrichromies; il s'agissait de travailler les complémentaires manuellement ou par masques, la photo de base apportait trop de rouge dans les verts, etc. Je fus très fier d'être reçu premier au CAP.

Le sort voulu que je change rapidement de métier, passant de l'hélio à l'offset. Monteur incorporateur et chromiste offset en photogravure demandaient moins de qualités manuelles et s'éloignaient du métier d'art graphique précédent. Il résultait de mon ancien métier un goût pour la photographie, j'allais l'avoir pour hobby durant de nombreuses années. Je prenais beaucoup de paysages mais effectuais aussi des portraits et des nus, souvent sur pieds, en pause. Je développais mes pellicules, agrandissais sur les papiers photo que je développais à nouveau, le plus souvent en noir et blanc, parfois en couleur, je réalisais souvent des formats de grandes tailles.

C'est une photo couleur qui fit le déclic, m'incita à peindre. Elle avait pour défaut le manque de repérage des couleurs primaires effectuées sous les trois filtres, il en résultait un sous-bois en automne un peu flou à cause des couleurs décalées, cela rappelait le style impressionniste et me plaisait bien. J'avais 24 ans, il s'agissait de ma première peinture, une gouache. Je fis d'autres paysages par la suite, puis des natures mortes, je passais plus tard à l'huile pour tous les sujets figuratifs, y compris les portraits et les nus. À 30 ans j'arrêtais de peindre ayant beaucoup d'occupations, nullement artistiques cette fois. Quelques années plus tard je me lançais dans l'écriture à travers des nouvelles, des petits textes pour le théâtre que je commençais à pratiquer en amateur, j'ai poursuivi par quelques romans, une longue pièce de théâtre et enfin des poèmes. Créer devenait pour moi un besoin, artistiquement de préférence; tout cela demande du temps à trouver, particulièrement quand on travaille par ailleurs; alors j'ai volé le temps. Écrire et peindre sont pour moi également du travail, même si les tableaux vendus ne m'ont pas fait vivre; quant aux écrits je n'ai réussi à les faire éditer, seule la publication à compte d'auteur voulait de moi, mais ce n'était réciproque.

À 40 ans la peinture m'a repris, travail simultané à l'écriture, au théâtre, puis à la sculpture (période plus brève). Là encore un déclic! On m'offrit un livre sur Van Gogh. Ces dix ans sans peindre furent paradoxalement très positifs. Mes premières peintures étaient naïves dans le sens négatif du mot, pas par style; disons que je balbutiais pour peindre de façon trop réaliste (j'aimais pourtant l'impressionnisme). Je ne dégageais aucun style. Je n'apprécie déjà pas la peinture réaliste bien léchée, alors la mienne mal ficelée... J'ai toutefois gardé ces tableaux que je ne montre plus pour voir mon évolution. L'oeuvre de Van Gogh, ces dix années qui m'ont donné ce recul bénéfique m'ont relancé vers une peinture personnelle, avec un style, même s'il se rapproche de l'impressionnisme, du fauvisme, de Raoul Dufy parfois. Je peins par touches, aucun dégradé fondu, mes couleurs sont plutôt vives, j'évite les gris et les marrons, j'utilise très peu les terres et préfère jouer des complémentaires qui les remplacent; un vert clair qui jouxte un carmin, un jaune qui côtoie un bleu de Prusse... Désireux de ne pas m'enfermer dans un genre j'ai effectué des peintures géométriques, d'autres très hautes en couleur à la pâte presque pure. J'adore peindre au couteau avec beaucoup de matière. J'ai poursuivi par des peintures murales à l'acrylique dans de très grandes dimensions (fond de décor de théâtre- 6,50m x 2,50m ...). Ces dernières années j'ai enfin pratiqué l'aquarelle (portraits puis paysages) sans jamais délaisser l'huile peinte au couteau.

Je ne suis pas très doué en dessin ce qui ne m'empêche de réaliser des portraits exacts grâce à une quantité importante de travail et à une technique personnelle, à l'inverse j'ai la couleur, les volumes, l'ombre et la lumière dans la peau, c'est tout mon attrait. La création est ma raison, pas le domaine d'application. Imaginer, faire du paysage ce que l'on en ressent, ne pas le copier, pour faire des photos il y a des appareils adéquats. De toutes façons, la nature ne se copie pas. Je n'aime pas la peinture réaliste et ne comprends pas l'hyperréalisme malgré la somme de travail qu'il impose.

Quelques règles, du travail et beaucoup d'imagination s'imposent pour la peinture comme pour toutes autres formes d'art. Mais pour l'amateur que je suis, il ne faut occulter le désir qui pousse à voler le temps.

Retour en haut de page

Retour page d'accueil

Me contacter